A Paris, la journée de ce 4 juin 2018 reste celle du président nigérien Issoufou Mahamadou. Accueil solennel, signatures d’accords bilatéraux, entretiens avec les responsables gouvernementaux, entretien avec Emmanuel Macron et point de presse ont marqué cette visite, la troisième en moins d’un mois. Ce fut l’occasion pour le Président nigérien d’évoquer des sujets sur lesquels on l’attendait le plus.
Nigerfocus le 4 juin 2018 : Les acteurs de la société emprisonnés depuis le 25 mars dernier doivent encore attendre la procédure normale. Pas question d’obtenir une quelconque grâce présidentielle puisqu’Issoufou Mahamadou a été ferme. « Ils sont entre les mains des juges. C’est à eux de décider » de leur sort s’est exclamé le Président nigérien dans un entretien accordé à la chaîne française France 24.
« Moi je ne peux pas demander leur libération dans la mesure où il y a séparation des pouvoirs au Niger. Il y a la Justice et l’exécutif. Je n’ai pas d’influence sur la justice. La Justice est indépendante au Niger. » a-t-il précisé.
Pourtant, il ne passe par le dos de la cuillère pour les accuser d’avoir toujours « combattu les régimes démocratiques » et d’appartenir à une « société civile putschiste ».
« Au Niger, ce qu’il faut comprendre il y a deux types de sociétés civiles. Il y a deux catégories de sociétés civiles. Il y a une société civile pro démocratique, il y a une société civile malheureusement, je suis obligé de la dire putschiste. Quand on regarde l’itinéraire des activistes de la société civile, ils ont toujours combattu les régimes démocratiques. » a martelé Issoufou Mahamaadou.
Quelques jours avant son arrivée en France, une dizaine d’organisations de la société civile française se sont inquiétées du « recul démocratique » du Niger depuis l’arrestation de 26 activistes tant à Niamey qu’à l’intérieur du pays.
Pour Issoufou Mahamadou, les signataires de la déclaration ne connaissent pas le Niger. « Le Niger est un pays démocratique. Au Niger, il y a un état de droit. Il y a des organisations de la société civile qui ont demandé à organiser des marches à minuit. Imaginez des marches à nuit ici à Paris. Est-ce que ça sera autorisé par les autorités de la ville de Paris. Je ne le pense donc au Niger nous n’appliquons que celles qui sont appliquées à Paris, à Washington, à Londres, à Rome ou à Berlin. ».
Les propos d’Issofou Mahamadou rejoignent ceux de Mohamed Bazoum, son ministre de l’Intérieur, également président du parti au pouvoir qui accuse nommément le principal parti de l’opposition le MODEN/FA Loumana d’être derrière les sorties des organisations de la société civile.
Je vous confirme de manière irrévocable que je ne vais pas modifier la constitution actuelle du Niger
Pas de Trituration de la constitution
Dans cet entretien, Issoufou Mahamadou a réaffirmé sa volonté de ne pas toucher à la loi fondamentale pour un troisième mandat comme dans la plupart des pays africains.
« Vous savez chaque pays africain est un cas particulier. Ce qui est valable pour la Côte d’Ivoire peut ne pas l’être pour le Niger. » a indiqué Issoufou Mahamadou.
« Je vous confirme de manière irrévocable que je ne vais pas modifier la constitution actuelle du Niger. Nous au Niger nous sommes pour la liberté, pour le respect des institutions dém ocratiques. Et c’est pour cela que je ferai tout, ça fait partie de mon programme, la consolidation des institutions démocratiques et républicaines. Et le fait de ne pas triturer la constitution fait partie de cet objectif je ne modifierai pas donc je ne briguerai pas un troisième mandat. » a promis le président nigérien.
Pourtant les acteurs électoraux ont dénoncé la main mise du parti au Pouvoir (Le Pati nigérien pour la démocratie et le socialisme, PNDS) sur le code électoral adopté l’année dernière.